Nous vous parlions la semaine dernière d’un des inventeurs de la photographie, Louis Jacques Mandé Daguerre (1787-1851). Cette semaine, c’est à une femme que nous rendons hommage, une grande dame de la photographie, pionnière en la matière, Julia Margaret Cameron (1815-1879).

Julia Margaret Cameron, Julia Jackson, 1867, © Victoria and Albert Museum, Londres
Julia Margaret Cameron, Julia Jackson, 1867, © Victoria and Albert Museum, Londres


Julia Margaret Cameron est née il y a deux cents ans, en 1815, en Inde, au sein d’une famille anglaise aisée. Mariée à un magistrat, elle revient en Angleterre après de longues années passées à Ceylan. Son ambition, jusqu’alors, s’est résumée au soutien de la carrière professionnelle de son mari et à l’éducation de leurs nombreux enfants. Rien ne la prédestinait à la photographie et lorsque sa fille lui offre un appareil photo, en 1863, une véritable passion pour le nouveau médium s’empare d’elle. Les avancées techniques sont importantes à cette époque et les prouesses de plus en plus étonnantes en matière photographique.
La photographie fait de plus en plus d’émules.

Là ou la plupart des passionnés et amateurs perçoivent un intérêt d’abord documentaire à la photographie, Julia, elle, est attirée par ses possibilités esthétiques. C’est au portrait qu’elle va majoritairement se consacrer et dans lequel elle excellera.

Paul and Virginia, 1864 © Victoria and Albert Museum, London
Paul and Virginia, 1864 © Victoria and Albert Museum, London

Elle commence à prendre en photo tout son entourage, puis grâce à sa sœur qui tient à Londres un salon littéraire fréquenté par de nombreuses personnalités intellectuelles et artistiques de l’époque, elle va proposer à ces poètes, peintres, écrivains de capturer leur portrait. Ainsi, le poète Alfred Tennyson, les peintres Dante Gabriel Rossetti, George Frederic Watts, Edward Burne-Jones, John Everett Millais, l’actrice shakespearienne Ellen Terry, l’écrivain-historien Thomas Carlyle, le physicien Herschel, sa nièce Julia Jackson, mère du futur écrivain Virginia Woolf, vont se prêter au jeux.

Julia Margaret Cameron ressent très vite la nécessité de capter la personnalité de ses modèles, tout en s’attachant à travailler l’aspect esthétique de son travail. Ses portraits s’avèrent saisissants : éclairage en clair-obscur, plans rapprochés, un flou entoure souvent les détails précis des visages, expressifs.
Ce flou vaporeux lui est souvent reproché, de même que son manque de technique.
Peu importe, Julia ne cherche par la technique parfaite mais le rendu esthétique et psychologique de ses personnages. Ce flou, elle sait l’utiliser pour donner un aspect encore plus intimiste au visage représenté.
Julia est passionné jusqu’au bout et installe à domicile un véritable laboratoire dans lequel elle tire ses épreuves.
Son travail s’inscrit dans une vrai démarche artistique qui, déjà, lance le long débat sur la photographie en tant qu’art. A côté des nombreux portraits, Julia n’hésite pas à photographier des scènes de genre, mises en scène dans le goût de ses amis peintres préraphaélites qui prônent le retour à la peinture des primitifs italiens. Ce sont des travaux d’illustrations, aujourd’hui témoignage d’une époque et d’un style.

Julia Cameron fut artiste en résidence, probablement la première, au Victoria and Albert Museum, alors appelé South Kensighton Museum, en 1865. Il conserve aujourd’hui un nombre important de ses portraits et clichés.
Plus tard, des personnalités comme Albert Stieglitz ont contribué à faire en sorte que Julia Margaret Cameron ne tombe pas dans l’oubli. Impressionné par son travail, celui qui fut l’un des plus célèbres photographes du début du XXème siècle publia certains de ses travaux, dans lesquels il reconnaissait une manière proche de sa conception pictorialiste de la photographie. Virginia Woolf, sa petite nièce, contribua à la création, en 1926, de la première biographie consacrée à la photographe.

Beaucoup de clichés de Julia Margaret Cameron ont pu franchir les décennies d’années, et aujourd’hui lui est consacrée une grande exposition, au MSK musée des Beaux-Arts à Gand, célébrant les deux cent ans de sa naissance. Le Victotia & Albert Museum célébrera également l’évènement, à partir du mois de septembre, dans un hommage à celle qui fut la première grande dame de la photographie.

 

Julia Margaret Cameron (1815-1879), pionnière de la photographie
du 14 mars 2015 au 14 juin 2015

MSK musée des Beaux-Arts
Fernand Scribedreef 1
Citadelpark
9000 Gand
Belgique

T. 0032 (0)9 240 07 00

Ouvert du mardi au dimanche de 10h00 à 18h00
Fermé le lundi, le 25 et 26 décembre et le 1er en 2e janvier

Prix d’entrée par personne : 8 euros
Tarif réduit : 6 euros
Gantois(es) ; personnes âgées de 65 ans et plus ; groupes d’au moins 15 personnes ; carte enseignant
Billet combiné 9 euros – MSK et S.M.A.K. (groupes de personnes âgées de 26 ans et plus et min. 15 personnes)

Tarif réduit : 2 euros
jeunes de 19 à 25 ans

Gratuit
les habitants de Gand chaque dimanche de 10h à 13h ; les habitants de Gand pendant les Fêtes de Gand ; jeunes de 18 ans et moins ; accompagnateur de visiteurs handicapés ; Les Amis du Musée des Beaux-Arts ; membres ICOM / VMV ; carte presse

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A PROPOS DE L'AUTEUR

Armelle Plantevin est rédactrice de publication du blog, ainsi que co-fondatrice et directrice de collection à La Galerie Virtuelle