Le Jeu de Paume présente du 26 février au 12 mai 2013 une exposition consacrée à la photographe Laure Albin Guillot (1879-1962). Méconnue du public français et international, cet artiste fut pourtant de son vivant l’un de ceux qui marqua le plus le paysage photographique français. Un ensemble de 200 épreuves, livres originaux et parutions d’époques nous permettent d’en savoir plus sur cette femme aux talents multiples.

photo de Laure Albin Guillot
Sans titre vers 1937 © Laure Albin Guillot

S’il est des femmes, grandes par leur personnalité, leur lucidité, leur ténacité, leur intuition et leur intelligence, Laure Albin Guillot en fait partie. A l’heure ou la majorité des femmes qui travaillent le font par necessité, elle, se lance dans la photographie par passion. Nous sommes dans les années 20. Laure Albin Guillot va mener sa carrière tambour battant. S’il est vrai qu’elle bénéficie certainement d’appuis non négligeables, il n’en reste pas moins que dix ans après avoir commencé en collaborant avec les plus grandes maisons de couture et en photographiant tout ce que Paris compte d’artistes et d’intellectuels, elle est non seulement célèbre mais également directrice des archives photographiques de la direction nationale des beaux arts, l’équivalent du ministre de la culture actuel ! Un an plus tard, elle sera également premier conservateur de la cinémathèque nationale !

Louis Jouvet Laure Albin Guillot
Louis Jouvet vers 1925 © Laure Albin Guillot

Pendant ces dix années, la photographe, dotée d’une grande exigence technique, d’un vrai sens artistique et d’une parfaite lucidité sur les possibilités qu’offre la photographie dans un monde en pleine mutation, fait ce qu’il faut pour faire partie de l’élite. D’abord, elle s’entoure. Epouse d’Albin Guillot, établit parmi la bonne société du XVIème arrondissement, elle crée des liens avec de nombreux artistes, artisans et intellectuels dont Paris regorge à cette époque. Elle les photographie. Ses portraits sont de vrais tableaux, intimistes, élégants et psychologiques.

Puis elle choisit les acteurs avec lesquels elle souhaite collaborer : la mode, la presse, la publicité, l’édition. Ses photos, créations ou illustrations sont toujours dans le même genre : sobres, élégantes, elles incarnent le « style français ». La diffusion de ses images qu’implique une collaboration avec la presse et l’édition valorise son travail et le font connaître plus largement.

Plus tard, elle collabore également à la création de livres d’art d’artistes, dont l’édition très limitée en font de véritables objets de collection, et dans lesquels ses illustrations prennent des allures d’estampes : Montherlant, Paul Valéry, Marcelle Maurette, Clause Debussy et d’autres encore s’attachent ses talents de photographe.
Elle garde la même ligne créatrice pour la publicité, choisit les marques avec lesquelles elle travaille, soigne la mise en scène, la prise de vue. Le résultat semble toujours pertinent et élégant….

photo de Laure Albin Guillot
Publicité pour la pommade-vaccin Salantale vers 1942
© Laure Albin Guillot

Parallèlement à ce qui ressemble à une stratégie de carrière, Laure Albin Guillot s’implique dans des regroupements d’artistes comme la société française de photographie ainsi que la société des artistes décorateurs. Elle défend la photographie comme médium artistique, sujet controversé, créée un nouveau genre de répertoire de motifs décoratifs appelé « micrographie« , dont elle fait un ouvrage, publié en 1931. Celui-ci a un succès fou, en France comme à l’étranger, le public s’enthousiasmant de cette fusion entre les arts et les sciences. Papiers peints, reliures, soieries voient leur répertoire décoratif renouvelé par ces motifs abstraits, étranges, issus de préparations microscopiques figées par la chambre noire.

Micrographie Laure Albin Guillot
Micrographie, bourgeon de Frêne (coupe) vers 1930 © Laure Albin Guillot

De sa vie privée, on ne sait presque rien. Elle connait le succès et la reconnaissance, meurt en 1962, visiblement assez seule, laissant derrière elle un fonds de clichés extrêmement important. C’est le premier vrai hommage rendu à cette figure féminine hors du commun, et à ce photographe hors pair. L’exposition est belle, bien articulée, riche de photographies bien sûr mais aussi de magazines, journaux, livres de l’époque.
A voir absolument !

 

Laure Albin Guillot (1879-1962), L’enjeu Classique
du 26 février au 12 mai 2013
JEU DE PAUME
1, place de la Concorde
75008 Paris
Renseignements : 01 47 03 12 50
ou [email protected]
Accès par le jardin des Tuileries,
escaliers côté rue de Rivoli.
Accès aux personnes handicapées,
par l’entrée principale place de la Concorde.

Heures d’ouverture au public :
Mardi (nocturne) : 11h à 21h
Mercredi à dimanche : 11h à 19h
Fermeture le lundi, y compris les lundis fériés.
Fermeture le 25 décembre, le 1er janvier et le 1er mai.
Fermeture des caisses 30 minutes avant la fermeture du bâtiment.
Fermeture des salles 5 minutes avant la fermeture du bâtiment.

Tarifs :
Plein tarif : 8,50€
Tarif réduit : 5,50€
Accès libre aux expositions de la programmation Satellite
Les « mardis jeunes » : entrée gratuite pour les étudiants et les moins de 26 ans le dernier mardi du mois, de 17h à 21h
La vente des billets se termine une demi-heure
avant la fermeture des espaces d’expositions.
Une visite commentée est proposée chaque mercredi et samedi à 12h30. Visite gratuite sur présentation de votre billet d’entrée aux expositions.

Accès :
Métro : ligne 1, 8 et 12 – Concorde
Bus : 24, 42, 72, 73, 84, 94
Velib’ : Station n° 1020 : 2 rue Cambon
Station n° 1018 : 2 rue d’Alger
Station n° 215 215 Rue Saint-Honoré
Station n° 8005 : 4 place de la Maedeleine
Parking Vinci Park Services : 6 Place de la Concorde
Parking Tuileries : 38 Rue du Mont Thabor

Pour de plus amples informations sur l’exposition en cours, le site officiel du Jeu de Paume www.jeudepaume.org

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A PROPOS DE L'AUTEUR

Armelle Plantevin est rédactrice de publication du blog, ainsi que co-fondatrice et directrice de collection à La Galerie Virtuelle