Ce photographe, inconnu du grand public, ne va pas rester très longtemps dans l’ombre, au regard de l’exposition « The Manhattan DarkRoom »  qui ouvre ses portes aujourd’hui, au Palais d’Iéna et qui s’y tiendra jusqu’au 4 décembre 2014.

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La photographie est un monde merveilleux qui apporte régulièrement de nouvelles découvertes ! Ces derniers temps elles ont la fâcheuse tendance à provenir de l’autre côté de l’atlantique, mais toujours avec en trame de fond, un petit peu de racine française et une histoire pas tout à fait comme les autres.

Le photographe Henri Dauman ne déroge pas à la règle. Né à Montmartre en 1933, il se retrouvera rapidement orphelin suite à la déportation de son père et au décès accidentel de sa mère, victime d’un pharmacien qui empoissonne ses clients. Après une enfance passée dans les orphelinats, il deviendra apprenti dans l’univers de la photographie de studio, de la mode et du portrait, jusqu’à son départ pour New York en 1950.

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Son arrivée à New York corrobore au début de l’exposition, et les premières des 200 photographies exposées montrent le regard d’un jeune homme émerveillé, partant à la découverte de la démesure de cette grande ville et de la population qui la compose. Passionné de cinéma, son regard est tout d’abord « cinématographique » et nous ballade entre contre-plongées des gratte-ciels de Manhattan et scènes de vie.

Après la période de découverte, le photojournaliste prend le dessus et il s’en suit alors un travail conséquent qui immortalise l’Amérique sous toutes ses coutures. Le regard devient objectif et se confronte à une sorte d’étude de la population américaine. Le contraste de la jeunesse blanche des beaux quartiers à celle des gangs du Bronx. Le mode de vie exubérant des classes huppées. Il s’attarde aussi à montrer la mutation de la société américaine, à travers de nombreuses manifestations qui se déroulent dans le pays, pour la liberté de certains droits, comme celui du droit de vote, de l’avortement, etc…

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Il aime porter une autre regard sur l’actualité que celui dicté par la presse traditionnelle. Pendant la guerre du Vietnam, il couvrira la crise bouddhiste de Saïgon, en lieu et place de la guerre. Se faisant passer pour un français, il se faufilera alors au cœur des monastères pour témoigner et sera le seul européen a y être ainsi toléré.

La politique n’est pas en reste, notamment avec l’élection de John Lindsay à la mairie de New York, représentant l’aile gauche du parti républicain à cette époque et avec la campagne de l’élection présidentielle de 1960 qui opposa Richard Nixon à John Fitzgerald Kennedy. Il immortalisera avec ses cadrages et son regard unique l’enterrement de ce dernier, le 22 novembre 1963, avec des images d’une rare intensité, qui montrent l’émotion d’une famille et de tout un pays.

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La mort annoncée de la presse avec le déclin de la presse magazine, l’émergence de la télévision, les failles de l’économie, la société de consommation, font aussi partie de son travail et Henri Dauman montre à quel point il s’est attaché à dépeindre pendant 30 ans l’Amérique sous tous ses angles.

L’exposition se termine sur des notes plus gaies, à travers de nombreux portraits de célébrités, françaises comme américaines. Des portraits intimistes, pris à l’ombre des projecteurs, dans des moments de vies qu’il fut invité à partager avec eux. On y croise Elvis, Delon, Marylin Monroe, Godard… On termine en beauté, en pleine émergence du mouvement Popart, dont Il sera le seul a couvrir l’exposition « the americain supermarket ». Mais il nous invite aussi, au cœur de la relation entre collectionneurs et artistes, qu’il photographie en toute simplicité et dans un réalisme au cadrage avant-gardiste pour l’époque.

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Photographe indépendant tout au long de sa vie, Henri Dauman a réussi à garder cette liberté, même si parfois celle-ci a un prix à payer. Sa ténacité, sa vivacité et son esprit de débrouillardise lui ont permis d’avoir des accréditations partout ou l’actualité le nécessitait, à transmettre lui même ses photographies aux médias américains, mais aussi européens. Il a collaboré et publié dans les plus grand magazines internationaux, sans pour autant devenir célèbre.

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Ses archives comprennent pas loin d’un million de clichés, organisés et rangés scientifiquement, mais n’ayant jamais était diffusés autrement que dans la presse. C’est une rencontre, il y a 18 ans, avec Vincent Montana qui accomplit un vrai travail de fond, qui les poussèrent à contacter François Chevalet et Audrey Hoareau, Conservateur et Directeur du Musée Nicéphore Niepce à Chalon-sur-Saône, pour les accompagner durant 3 ans à la création de cette exposition. Exposition qui commence à Paris, mais qui a pour vocation d’évoluer et de partir en itinérance en France et ailleurs, dans les mois qui viennent.

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The Manhattan DarkRoom
Du mardi 4 novembre au jeudi 4 décembre 2014
Palais d’Iéna
9, place d’Iéna
75016 PARIS
 
Heures d’ouverture au public :
Tous les jours du Lundi au Samedi de 10h00 à 18h00
Tous les dimanches de 12h00 à 18h00
Nocturnes les jeudis jusqu’à 21h00
Fermé le 11 novembre
Dernière admission 30 minutes avant la fermeture.
 
Tarif :
Accès libre

Accès :
Métro
Ligne  9 station : Iéna
Ligne  6 station : Boissière

Bus
Ligne 32 arrêt : Iéna
Ligne 63 arrêt : Iéna
Ligne 82 arrêt : Iéna
 
Velib’
4, rue de Longchamp – 75016 Paris
1, rue de Bassano – 75016 Paris

le site de l’exposition est disponible via ce lien https://www.manhattan-darkroom.com

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A PROPOS DE L'AUTEUR

Olivier de Chappedelaine est tombé dans la photographie à l'âge de 15 ans, rédacteur pour le blog et co-fondateur de la Galerie Virtuelle