Mardi 26 novembre s’en est allé le photographe américain Saul Leiter. Il avait 89 ans, des milliers de photographies à son actif, des rétrospectives dans les plus grands musées du monde, une discrétion et une modestie rare et toute à son honneur…
Retour sur un artiste, un homme, un esprit du XXème siècle.

Saul Leiter
Saul Leiter, Red Umbrella, c. 1958, Chromogenic Print, 14 x 11 inches, © Saul Leiter Courtesy Howard Greenberg Gallery, New York.

On dit de Saul Leiter qu’il est le photographe précurseur de la photographie couleur. Certes.
Mais Saul Leiter était également peintre et sa photographie en noir et blanc n’avait rien à envier à son travail en couleur. Poétique, singulière, elle est construite autour des formes.
Né en 1923 à Pittsburgh, son père rabbin avait pour lui des ambitions religieuses. Mais le jeune garçon décide de suivre sa propre voie et de devenir artiste peintre. Incompréhension paternelle et désaveux total, peu importe, il part pour New-York, fréquente les expressionnistes abstraits, peint des toiles abstraites et commence à photographier les rues. En couleur.
Il trouve vite son style, très personnel : utilisant les flous, les transparences, la couleur est également un élément intrinsèque à la composition. Il en résulte des photographies étonnantes, à la limite de l’abstraction.
Le MoMa lui consacre une exposition en 1953 mais l’époque est indéniablement à la photo en noir et blanc, la couleur a une « mauvaise image ». Elle n’est guerre envisageable que pour la publicité, le commercial ou la mode. Et c’est ce que fait Saul Leiter pendant des années, de la photographie de mode. Il travaille pour le Harper’s Bazaar pendant vingt ans, pour d’autres aussi, et acquiert une vraie reconnaissance dans ce domaine. Il ne cherche pas à promouvoir sa photographie personnelle, ne fait rien en ce sens.

C’est sa rencontre avec le galeriste Howard Greenberg qui va lui apporter une seconde notoriété. L’heure a changé, la photographie couleur a doré ses blasons, la tendance et le marché de l’art l’encensent et les photographies de Saul Leiter vont désormais séduire une clientèle américaine, puis internationale. Nous sommes autour des années 2000.
Les expositions et rétrospectives vont se succéder mais le photographe à la retraite portera toujours sur son parcours et sa nouvelle célébrité un regard ironique, lucide. Il refuse de se prendre au sérieux, préférant se moquer de lui-même :

« Je ne sais pas comment j’ai pris telle photo à tel moment ni pourquoi. Je ne sais pas si j’ai réussi à faire ce que je voulais : je n’ai jamais su ce que je voulais faire ! »

Peu importe le pourquoi et le comment.
Nous avons envie de vous remercier, Monsieur Leiter. Merci pour vos images, elles vous ressemblent : belles, pertinentes et poétiques.

 

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A PROPOS DE L'AUTEUR

Armelle Plantevin est rédactrice de publication du blog, ainsi que co-fondatrice et directrice de collection à La Galerie Virtuelle